CLINIQUE DES POUPÉES – RESTAURATION D’UN BAIGNEUR RAYNAL ATTEINT DE LA MALADIE DU VINAIGRE
Bonjour tout le monde !
Aujourd’hui j’aimerais vous montrer quelque chose de totalement nouveau : ma méthode de restauration de poupées attaquées par ce qu’on appelle la maladie du vinaigre.
Cette maladie du vinaigre est une détérioration de la matière qui touche des nombreuses poupées fabriquées en Rhodialite. Elle est très courante chez les poupées Raynal fabriquées entre 1954 et 1964 environ.
Ces poupées ont des têtes en Rhodoïd qui sont intactes mais leurs membres et leurs corps, fabriqués en Rhodialite, sont souvent abîmés. La maladie du vinaigre est très facile à reconnaître : elle se caractérise par une forte odeur de vinaigre qui provient de l’endroit dégradé. La matière se détériore progressivement et forme des déformations irrégulières et des traces blanchâtres. Ce qui est terrible c’est qu’elle évolue progressivement, menant à une destruction de la poupée : la Rhodialite devient friable, cassante, complètement déformée.
Je n’ai jamais vu auparavant un traitement pour ce problème, ce qui m’a obligé à devoir rechercher une solution nouvelle. Je vais tenter de vous décrire comment j’ai procédé. J’ai également effectué d’autres restaurations sur ce baigneur, notamment une remise en place de ses yeux et un changement d’élastiques, cependant je les décrirai en détails dans une prochaine publication.
Pour l’instant, nous allons nous centrer sur la maladie du vinaigre. J’ai commencé par nettoyer délicatement ce beau bébé. C’est une étape indispensable chez les poupées atteintes de la maladie du vinaigre. Ensuite j’ai séché soigneusement le bébé, puis je me suis concentrée sur les cloques et les déformations de l’endroit atteint. J’ai donc poncé les irrégularités, comblé les manques, puis lissé la surface de la matière. Ensuite le tronc a été repeint. Il a fallu une sous-couche protectrice puis plusieurs couches de peinture afin d’obtenir une couvrance parfaite et sans aucune trace.
La couleur a été spécialement sélectionnée afin qu’il n’y ait aucune démarcation avec la peinture d’origine. Les bras et les jambes du baigneur n’ont pas été repeints et on ne voit aucune différence de couleur avec le corps restauré.
La Rhodialite a été abîmée aux alentour de l’encolure, des aisselles, des côtés et autour du montage des jambes. J’ai progressivement réparé chaque endroit puis je l’ai recouvert de trois couches de vernis fixant invisible. Après ces travaux de restauration, le bébé Raynal a perdu l’odeur de vinaigre propre à cette maladie. Son corps est très lisse, sans aucune irrégularité.
La maladie a pu être stoppée pour un bon moment. Il est cependant important de souligner que cette maladie n’a pas été complètement éradiquée : c’est une réaction chimique propre au Rhodialite. Cette réaction chimique est profondément liée au conditionnement de la poupée : en effet, elle est provoquée par la conservation de la poupée dans un endroit humide ou renfermé. De même, l’exposition à la chaleur et au soleil aggrave ses effets et accélère la détérioration.
La Rhodialite nécessite une conservation dans un endroit sec et ventilé. Il est donc indispensable de ne pas garder les poupées en cette matière à l’intérieur d’une vitrine fermée. Je conseille également d’habiller ces poupées dans des vêtements fluides et légers, qui ne sont ni trop épais ni trop couvrants. Ce magnifique bébé Raynal va à présent retourner chez sa propriétaire, madame Marie.
Il a passé beaucoup de temps dans la clinique des poupées, sa restauration faisait partie des travaux bien compliqués. Cependant je suis vraiment heureuse d’avoir pu m’occuper d’une si belle poupée, et de stopper sa détérioration.
Que pensez-vous de cette restauration ?
Merci d’avance pour vos réponses
Gros bisous !
Dorothée
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Arianne : les poupées d’antan – Clinique de poupées, Association, Musée